Reportage. Mosque on the water
En
ces nuits ramadanesques, la mosquée Hassan II et son imam star, Omar
Kzabri, attirent aussi bien les fidèles amateurs de “happening
spirituel”, que de fervents habitués.
17H.
Sur l’esplanade de la mosquée Hassan II, les cohortes de touristes
s’évanouissent progressivement, pour laisser la place aux préparatifs
de la veillée nocturne. Des centaines de hsirates sont disposées en
vrac, des dizaines de hauts parleurs quadrillent l’espace pour relayer
la psalmodie du Coran, sans oublier toute l’armada de la |
|
chaîne
de télévision Assadissa qui retransmet en direct les prières en format
cathodique. A l’intérieur, les fidèles, dispersés à ce moment de la
journée, lisent le Coran ou profitent de la fraîcheur du lieu pour se
reposer. Les visiteurs non casablancais, reconnaissables à leurs
regards fascinés par les dimensions et la quiétude de la mosquée,
s’extasient à l’idée qu’ils vont “enfin” y faire leur prière, dirigés
par l’imam Omar Kzabri, apprécié pour ces prêches apolitiques. Quelques
éclats de rires d’enfants, s’exerçant à faire la prière ou s’amusant
devant les distributeurs d’eau qui parsèment la mosquée, rompent à
peine le silence.
19H. Les
quartiers attenants sont subitement désertés. Un silence qui précède le
premier acte d’une nuit très animée. A peine quelques minutes après la
rupture du jeûne, une armée de fidèles serpentent les artères menant à
la mosquée, sonnant le début de l’acte spirituel sacré du mois de
ramadan : la prière d’Al Ichaa et les prières surérogatoires. Des
milliers d’hommes et de femmes, de différentes classes sociales et de
toutes les obédiences spirituelles, affluent à pieds, à motos et en
voiture.
20H.
Les retardataires s’engouffrent dans les salles d’ablutions. La prière
commence dans une mosquée presque comble. L’odeur du bois d’encens et
la voix cristalline de Omar Kzabri installent un climat de grande
piété. L’esthétique du lieu rejoint la beauté du verbe sacré. Kzabri
sait émouvoir les fideles. Sur l’esplanade, des milliers d’hommes et de
femmes ont déjà pris leur place quand les tarawih commencent, sous le
regard bienveillant du service d’ordre, qui n’a besoin de fournir
d’aucun effort pour canaliser une foule étonnamment disciplinée.
21H30.
En quittant la mosquée, les fidèles restituent volontiers les sacs en
plastique utilisés pour garder leurs chaussures, tandis que d’autres
convergent vers la mosquée pour poursuivre leurs prières tard dans la
nuit. Aux abords de l’esplanade, les vendeurs de khoudanjal, boisson
réputée avoir des effets médicinaux, de fruits, ou autres DVD de
prêches sulfureux, sont absents. Les faux mendiants aussi. Le lieu a
retrouvé sa vocation première : la piété et l’ascétisme. Et Casablanca,
le plaisir d’un rendez-vous annuel avec sa rock star du minbar. |
|