Café du français

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Khaled. "Mohammed VI est mon ami”

Khaled. "Mohammed VI est mon ami”


Mahmoud Darwich (AFP)

Après la sortie de son dernier album et son passage au festival d’Essaouira, Khaled nous parle raï et gnaoua, Maroc et Algérie, sans oublier ses relations avec le roi.


Vous préférez que l’on vous appelle Cheb Khaled, ou Khaled tout court ?
Khaled. Pas Cheb Khaled (Rires).

Vous avez participé, cet été, à plusieurs festivals au Maroc. A Essaouira, on vous a couronné roi gnaoui. Comment s’est passé votre séjour dans le royaume ?
Très bien. J’étais aussi à Al Hoceïma lors de la fête du trône. Ce fut un bonheur déjà d’être invité au festival d’Essaouira et de pouvoir chanter avec les grands maâlmine (maîtres) gnaouis. J’ai voulu dire aux jeunes Marocains que le gnaoui et les qrakeb existent aussi en Algérie. Et ça me fait rire en Europe quand on me dit : “Pourquoi tu chantes le gnaoui du Maroc ?” C’est faux, le gnaoui n’appartient pas qu’aux Marocains.

Votre nouveau disque, Liberté, marque un retour aux sources et au son de vos débuts. On se sent presque dans un mariage d’été au Maghreb…
(Rires). Je voulais chanter la liberté, d’où le titre de l’album, et rendre hommage à mes influences du début à Oran. Depuis mon enfance, j’ai été bercé dans la musique andalouse, française, maghrébine et arabe. Quant à la musique gnaouie, comme je disais, elle existe aussi à l’Ouest de l’Algérie. Je voulais lui rendre hommage parce que c’est une musique qui exorcise l’âme habitée par le démon (rires). J’ai décidé de faire un album un peu live, comme à mes débuts.

Vous êtes adulé par les jeunes des deux côtés de la frontière maroco-algérienne, alors qu’il y a une tension entre les deux pays. Comment vivez-vous cette situation ?
J’ai grandi avec cette aberration. Tout petit, j’ai vu un flic entrer chez mon copain et le refouler au Maroc. À Oran, on a tous des amis qui ont été déportés, des gens qu’on a cachés et d’autres qu’on a mariés de force pour qu’ils puissent rester en Algérie. Avec le recul, ces scènes ressemblent à celles de la Seconde guerre mondiale où des voisins cachaient leurs amis juifs pour leur éviter les camps nazis. A ce point. Ça me fait mal. Maintenant que je côtoie le roi du Maroc et le président Bouteflika, on parle de ça et ils me disent tous les deux la même chose : “Les gens ne vont pas comprendre si on tourne rapidement la page du conflit entre le Maroc et l’Algérie. Les jeunes des deux bords t’adorent. On a besoin de symboles comme toi pour ouvrir des brèches et permettre le dégel des tensions en douceur. Et un jour, tout ça va s’arranger”. C’est pour cette raison qu’à mon niveau je passe le message politique avec la chanson et surtout avec le bonheur.

Vous dites fréquenter Mohammed VI, comment qualifiez-vous vos relations ?
J’ai eu la chance de côtoyer le roi lorsqu’il était prince. Puis quand il est devenu roi, il ne m’a pas tourné le dos. Bien au contraire. Il n’a pas changé et ça me touche. On a gardé notre amitié, car c’est un personnage de ma génération qui pense comme tous les jeunes. Il m’invite souvent chez lui quand je suis au Maroc.

Il vous invite pour animer des soirées ?
Non. Il le fait en tant qu’ami. Je peux dire que, à ma façon, je fais partie de la famille du roi. J’en suis fier.

A l’époque où le visa était exigé pour les Algériens pour entrer au Maroc, vous n’aviez jamais eu besoin de ce sésame…
Il faut avoir une notoriété comme la mienne (rires). Les jeunes du Maghreb m’ont applaudi et m’ont couronné, je me considère comme l’ambassadeur de la musique maghrébine dans le monde. C’est pour cela qu’à la frontière du royaume, aucun douanier n’osait me demander un visa même si je voyage avec un passeport algérien.

Est-ce que vous croyez qu’un jour la tension entre le Maroc et l’Algérie disparaîtra ?
Pourquoi pas. Tout est possible dans la vie, c’est juste l’être humain qui se complique l’existence. Il faut y mettre de la volonté, c’est tout. Nos peuples sont frères, c’est le plus important.

Comment faites-vous à la maison quand le Maroc joue l’Algérie en Coupe d’Afrique ?
Si le Maroc gagne, je tape ma femme (rires)… mais je la tape avec des bijoux.

Zoom. Derrière la star, sa femme
Khaled est un phénomène à part dans le paysage artistique mondial. Mégastar, il mène depuis 14 ans une vie pépère avec son épouse, une Marocaine, et leurs trois filles. “Un an après notre mariage, j’ai commencé à travailler avec mon mari, parce qu’à l’époque il était malheureusement mal entouré. On a repris les choses ensemble, en famille, et depuis sa roule bien”, explique Samira, épouse du roi du raï. Installé au Luxembourg depuis 7 ans avec “ses femmes”, comme il aime à répéter, Khaled a choisi le calme et la sérénité loin des paillettes et de la jet-set. “Il est un vrai papa gâteux, très proche de sa famille”, souligne-t-elle, tout en douceur.

 
 
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26/09/2009
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