NOSTALGIE. Michael à tout prix
Le
monde entier pleure la disparition du King of the pop, qui s’est éteint
à l’âge de 50 ans. Retour sur la visite au Maroc, en juillet 1996, de
cet artiste qui a révolutionné l’industrie musicale.
Jeudi 25 juin, 22h30. Le site people américain TMZ.com annonce que
Michael Jackson, dans un état critique, vient d’être hospitalisé en
urgence à Los Angeles après une crise cardiaque. Dans le monde entier,
ses admirateurs retiennent leur souffle. Sur Facebook, les Marocains |
|
s’emballent
: toutes les discussions tournent autour de lui. Quinze minutes plus
tard, sa mort est confirmée, dans l’incrédulité générale. Sur
mjjmaroc.com, le site marocain dédié au chanteur, ses fans,
complètement effondrés, partagent leur peine. Et, tous, repensent à son
séjour au Maroc en 1996, et au concert qu’il a failli donner à
Casablanca, quelques mois plus tard.
Visite-éclair
Samedi
20 juillet 1996. Alors que tous les Marocains ont les yeux rivés sur
les Jeux Olympiques d’Atlanta, Michael Jackson, au sommet de sa gloire,
débarque discrètement sur le tarmac de l’aéroport Mohammed V. Le
chanteur arrive d’Afrique du Sud, où, la veille, il a assisté à la fête
d’anniversaire du président Nelson Mandela. Le Maroc, une étape de
plus, dans son tour du monde pour la promotion de son album HIStory.
“Quelques jours avant son arrivée, j’ai été contactée par son manager
me prévenant qu’il allait faire escale 48 heures à Casablanca avant de
repartir vers la Tunisie et l’Italie. Je n’y ai pas cru immédiatement”,
se rappelle Samira Laktiri, ancienne directrice marketing de l’hôtel
Sheraton, dans lequel a résidé le chanteur. Les fans, aussi, n’en
reviennent tout simplement pas. Quelques heures avant son arrivée, ils
apprennent, par hasard, en écoutant la radio, que leur idole foulera
bientôt le sol marocain. Les plus rapides arriveront à temps pour
l’apercevoir à sa sortie de l’aéroport. “Pour éviter qu’il y ait foule
à l’arrivée, nous avons décidé d’annoncer sa venue au dernier moment”,
explique Samira Laktiri. Devant les caméras de 2M et la RTM, elle
l’accueille à l’aéroport et monte dans la même voiture que l’artiste.
“J’ai été étonnée par sa gentillesse. Il était vraiment adorable, une
âme de petit garçon”, poursuit-elle. Durant le trajet jusqu’à l’hôtel,
Michael Jackson pousse même la chansonnette, pour le plus grand bonheur
de ses accompagnateurs marocains.
Hystérie générale
Entre-temps,
la nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre. Résultat ? Des
centaines d’admirateurs de “Bambi” font le pied de grue devant l’hôtel
et exultent lorsque, à son arrivée devant l’établissement, le chanteur
exécute son fameux pas de danse, le “Moonwalk”. Les services de
sécurité de l’hôtel tentent d’empêcher les fans, hystériques, de suivre
la star à l’intérieur. Contrairement à ses gardes du corps personnels
présents sur place (parmi lesquels figurait l’ancien bodyguard de
Shimon Peres), les agents de sécurité marocains ne sont pas habitués à
ce genre de mouvement de foule. Et encore moins à voir des jeunes
filles s’évanouir en présence de leur idole. Du jamais vu, de mémoire
d’employés du Sheraton. “C’était la folie”, raconte Mohamed, porteur de
bagages à l’époque. “Il a salué ses admirateurs du balcon de la suite
royale qu’il occupait, et leur a lancé des coussins dédicacés, des
paires de chaussettes, et même son chapeau. En bas, tout le monde se
battait pour les récupérer”, se rappelle-t-il. Mustafa, un autre
employé de l’hôtel, se souvient également en détails de la visite de
l’artiste. “Il n’était pas plus excentrique que les autres stars que
nous avons reçues. La seule chose un peu bizarre qu’il ait demandée,
c’est des litres d’eau de Sidi Ali pour prendre son bain”,
affirme-t-il. D’après le même employé, Mohammed VI, à l’époque prince
héritier, aurait rencontré le chanteur. “Il est venu très discrètement,
en accédant à l’hôtel par le parking. Il était habillé de manière très
décontractée, en jeans et en T-shirt blanc”, raconte notre homme.
Le lendemain, Michael Jackson profite de son séjour-éclair pour
découvrir la ville blanche. Comme chaque touriste qui se respecte, il
visite la Mosquée Hassan II et, avant de quitter les lieux, signe le
livre d’or. La star s’offre également une petite virée incognito au
quartier des Habous, pour acheter quelques souvenirs. Mais même déguisé
en femme (Michael portait une jellaba), le chanteur est très vite
reconnu par les commerçants et les badauds. “Il a acheté plusieurs
objets d’artisanat, dont une paire de babouches qu’il a mise dès qu’on
est arrivés à la voiture, se rappelle Samira Laktiri, qui a servi de
guide au chanteur. Après, il nous a demandé de l’emmener au McDonald’s
pour manger un filet’o’fish”. Quelques heures plus tard, Michael
Jackson reprend son jet privé et s’envole vers de nouveaux horizons.
Too dangerous ?
Commencent
alors les spéculations sur la tenue ou non d’un concert au Maroc
quelques mois plus tard, dans le cadre de sa tournée mondiale HIStory.
Le staff du chanteur aurait profité du déplacement pour faire des
repérages et s’entretenir avec des responsables de l’Intérieur sur
l’éventualité d’organiser à Casablanca “le premier concert dans un pays
arabe et musulman”, que souhaite donner Michael Jackson. “Il en était
effectivement question, mais les autorités marocaines ont considéré
qu’elles n’avaient ni les infrastructures ni les moyens suffisants pour
gérer un tel événement”, indique Samira Laktiri. Ce qui aurait fait le
plus peur à Driss Basri, ministre de l’Intérieur à l’époque ? Les
mouvements de foule qu’aurait causés le chanteur au complexe Mohammed
V. La déception est grande pour ses fans marocains. La star organise
finalement son premier concert en Afrique et dans le monde arabe à
Tunis, le 7 octobre 1996. L’événement, grandiose, est à l’image du roi
de la pop. Les recettes du concert, financé par sa boîte de productions
Kingdom Entertainment, sont entièrement reversées à une organisation
étatique tunisienne de lutte contre la pauvreté. Que reste-t-il de
la visite de Michael Jackson au Maroc ? Une poignée de photographies,
mais surtout beaucoup de souvenirs. Et comme partout dans le monde, une
chose est sûre, personne n’oubliera jamais l’auteur de Thriller,
l’album le plus vendu de tous les temps (100 millions d’exemplaires). |
|
Jacksonmania. Michael et les Marocains
The
King of pop était une, sinon la star US la plus populaire au monde et
au Maroc. à la sortie de Thriller en 1982, il n’était pas rare de
croiser des jeunes essayant d’adopter son look unique, ou se faisant
appeler “Michael” par leurs potes. A l’époque une folle rumeur circule,
affirmant que le chanteur serait né…à Marrakech. Les concours de danse
voient régulièrement la participation de “Michael en herbe”, essayant
d’imiter son Moonwalk. Parmi eux, deux frères particulièrement
talentueux, Tarek et Mohssine, qui dansent encore chaque week-end au
quartier Maârif. Ses fans marocains ont également envahi la Toile dès
qu’ils en ont eu l’occasion. En 2006, deux vidéos complètement décalées
font leur apparition et créent le buzz. Il s’agit des clipvidéos de
Stranger in Moscow et They don’t care about us, avec des sous-titres
délirants en darija. Quelques mois plus tard, Mjjmaroc.com, le premier
site marocain consacré spécialement à la star, ouvre ses portes. Mehdi,
son fondateur, voue une admiration sans bornes à Bambi. “Après mon
grave accident de voiture, c’est Michael qui m’a redonné le goût de
vivre. C’était la moindre des choses que lui consacrer un site Web”,
explique le jeune homme, paralysé depuis 1987. Rest in peace Michael. |
|
|