L’enseignement du vocabulaire
1. Pourquoi la psychologie moderne se méfie de la traduction interlinguale comme méthode pédagogique?
Pendant
longtemps, le seul moyen d’élucider le sens des mots étrangers a été la
traduction interlinguale. Maintenant, on considère que cette traduction
a des conséquences négatives sur la formation des habitudes
d’expression spontanée: la réduction, en tant que procédé d’élucidation
du sens des mots étrangers, entre la pensée en langue étrangère,
ralentit et retarde la formation des automatismes.
2. Dans quels cas on ne peut pas se passer de la traduction interlinguale?
Il
ne faut pas abandonner complètement la traduction interlinguale dans la
classe de français langue étrangère, surtout dans les cas des mots
abstraits, des mots-phrases, des expressions idiomatiques, voire dans
le cas des subtilités linguistiques. La traduction interlinguale est
nécessaire là où l’on court le risque de faire percevoir le sens d’une
manière approximative ou ambiguë.
3. Qu’est-ce que supposerait une démarche éclectique dans l’enseignement du vocabulaire?
Un
enseignement souple adoptera la démarche éclectique, combinera les
procédés intuitifs, la traduction intralinguale et la traduction
interlinguale selon les besoins et sans les cloisonner d’une manière
rigide.
4. Comment commencer une leçon de vocabulaire?
Une
leçon de vocabulaire commence par une conversation permettant de
réactiver ce qui a été étudié antérieurement et d’amener un nouveau
dialogue destiné à introduire les nouveaux vocables.
5. Quels sont les trois mouvements de la leçon de vocabulaire?
La leçon de vocabulaire se construit en trois mouvements:
a) Présentation
b) Exploitation
c) Fixation.
6. Quel est le point de départ dans la présentation des mots nouveaux?
Le
point de départ en est la perception auditive du mot inconnu, inséré
dans un syntagme ou dans un structure très courte, qui fait suite à
l’observation directe de l’objet. Le sens doit être saisi par un jeu de
questions judicieusement choisies.
7. En quoi consiste le principe de l’intuition dans l’enseignement du vocabulaire?
Le
principe de l’intuition a des rapports avec la perception
visuelle/auditive des élèves. On emploie des procédés figuratifs
(images) et des procédés ostensibles (gestes, actions). L’enseignement
synchronise le geste, l’action et la parole. La loi de cette activité:
l’image et le geste précèdent la parole, la parole précède l’écrit,
l’écrit précède la lecture.
8. Comment présenter les mots nouveaux?
La
présentation du matériel linguistique se fait oralement et en action:
l’explication du vocabulaire est liée au langage parlé en action, car
tous les deux sont étroitement unis.
9. Faudrait-il laisser les mots nouveaux « flotter » ou les mettre dans des contextes ?
-
La présentation écrite fait suite à la présentation orale: il s’ensuit
donc une perception motrice des mots nouveaux: on prononce le mot en
contexte, on le fixe oralement en contexte; on l’emploie dans d’autres
contextes; l’enseignant l’écrit au tableau, en contexte, les élèves
l’écrivent dans leurs cahiers, toujours en contexte.
10. Peut-on départager nettement l’étape de la présentation et l’étape de l’exploitation?
La
présentation et l’exploitation sont le plus souvent imbriquées:
l’enseignant peut associer l’observation de l’objet ou de l’image aux
exercices oraux (linguistiques et langagiers) et écrits.
11. Quelle sorte d’activité pédagogique est la présentation du vocabulaire dans la classe de français?
L’idée
fondamentale de cette activité est que l’enseignant doit se servir du
geste expressif et du dialogue, tout comme le ferait un acteur sur
scène. Il joue un scénario, les élèves y apportent leur contribution.
C’est une activité informative-participative.
12. Est-ce que la lecture contribue à la fixation du vocabulaire?
La
lecture est un moyen de renforcement des structures lexicales acquises.
Le texte lu est une source de stratégies et d’exercices scolaires
portant sur l’organisation du sens. En offrant des contextes pour le
vocabulaire, la lecture est un moyen de fixation.
13. Enoncez un autre moyen important dans l’étape de la fixation.
Ce
n’est qu’après la lecture qu’on fait appel à la conversation fixative
finale. Elle peut revêtir deux formes: une conversation reproductive,
portant sur le contenu du texte lu, ou une conversation productive,
créative, détachée du texte, introduisant les nouveaux vocables dans
des situations énonciatives nouvelles: microconversations, simulations,
jeux de rôles.
14. Comment réduire le temps de l’apprentissage du vocabulaire, en développant plus rapidement les automatismes de langage?
Pour
parvenir à ce but, le professeur de français doit recourir à des des
séquences acquisitionnelles spécifiques, fondées sur l’association:
stimulus visuel, action concrète / observation / compréhension du sens
/ expression verbale / expression écrite. Cette association présente
l’avantage d’éviter l’utilisation exagérée de la traduction
interlinguale, de « plonger » l’élève dans la langue cible.
15. Quel est le rôle de la traduction intralinguale au niveau avancé?
Au
niveau avancé il faut faire appel surtout à la traduction
intralinguale, vu que les apprenants possèdent un nombre suffisant,
voire considérable, de mots et de structures lexico-grammaticales en
langue cible. Il s’agit de l’utilisation des synonymes et des
parasynonymes, des homonymes, des paronymes, des familles lexicales, de
l’emploi d’opérations linguistiques telles que la définition ou la
périphrase.
16. Enuméreze quelques vérités significatives du point de vue scientifique/méthodologique quant à la traduction intralinguale.
Il
faut savoir que ’explication d’un mot inconnu par un autre mot inconnu
jette la confusion dans l’esprit de l’élève. Il faut prendre appui sur
le lexique acquis antérieurement. L'avantage est que les ressources de
la langue offrent plusieurs possibilités pour l’explication d’un
référent, ce qui nous permet de nous passer de la traduction en langue
maternelle. Le choix des substituts lexicaux doit être soumis aux
exigences imposées par le contexte vu qu’un mot pris isolément, hors
contexte, ne donne qu’une information partielle et d’une justesse
appoximative.
17. Enumérez les types d’exercices lexicaux et sématiques les plus fréquents.
Les
types les plus fréquents d’exercices lexicaux et sémantiques sont les
exercices à trous (à pointillié), les exercices de remplacement de
certains mots par des synonymes, d’antonymes etc, les exercices de
paraphrase, les exercices de mise en ordre d’une série de mots,
d’adjonction d’adjectifs à un nom ou d’adverbes à un verbe, les
exercices de choix de la forme convenable entre deux ou plusieurs
formes proposées, les exercices de construction et de développement de
la phrase, les exercices de réduction de certaines expressions à des
mots simples etc.
18. Quelle est l’importance des jeux linguistiques et communicatifs dans l’apprentissage du vocabulaire?
Les
jeux linguistiques et communicatifs présentent des avantages
incontestables dans l’acquisition d’une langue. Ils reposent sur
l’emploi répété et organisé d’un lexique ou de certaines structures
lexico-grammaticales, ce qui les rend susceptibles d’assurer la
systématisation de la matière acquise.
19. Enumérez quelques types de jeux utilisés à fin léxical.
Il existe plusieurs types de jeux:
- des jeux individuels, silencieux, généralement écrits, ou s’appuyant sur des cartes, des lotos langagiers et des dominos;
-
des jeux verbaux, linguistiques, destinés à faire découvrir aux
apprenants cetaines subtilités de la langue, l’homophonie, la
polysémie, la paronymie. Ce sont en général des jeux de mots, des
divertissements linguistiques, des devinettes, des plaisanteries;
- des jeux de groupe qui favorisent la communication, des interactions quasi autonomes dans le groupe.
20. Enumérez les traits d’un jeu didactique.
Habituellement,
pour qu’un jeu soit jeu et qu’il atteigne son objectif éducatif, il est
nécessaire en formuler les règles dès le début:
- un bon jeu doit favoriser l’emploi correct et juste de la langue;
- un bon jeu est nécessairement créatif, il place toujours les joueurs devant un problème à résoudre;
- un jeu d’équipe doit avoir recours à l’initiative des joueurs, à leur astuce et à leur esprit d’émulation.
21. Décrivez les traits du calembour.
Parmi
les jeux de mots, le calembour est très fréquent. L’éducation au
calembour français suppose un niveau avancé d’étude de la langue,
l’existence d’un savoir langagier riche (polysémie, homonymie,
paronymie, ambiguïtés grammaticales, connotations linguistiques etc.),
de même qu’une certaine habileté discursive qui permette de faire jouer
les homophonies, de laisser entendre un sens évoqué derrière un sens
présenté. La pratique des calembours relève donc de l’ethnographie de
la communication, ce qui présente un grand intérêt dans le processus de
l’éducation au langage des apprenants étrangers.
22. Enumérez d’autres jeux linguistiques importants du point de vue de l’enseignement du vocabulaire.
Un
jeu linguistique très apprécié par les élèves de tout âge est la
charade. Les rébus sont des jeux linguistiques qu’on peut organiser en
groupe, chaque participant pouvant y contribuer avec une proposition.
Les mots croixés occupent une place privilégiée parmi les jeux
linguistiques.
[source Dorina Roman, Didactique du français langue étrangère]
L’enseignement du vocabulaire
dimanche, juillet 16, 2006
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