HISTORIQUE DE LA DIDACTIQUE DU FLE
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L’évolution des méthodologies en FLE
Quelles sont les
différentes méthodologies qui sont apparues dans le monde de la
didactique du FLE jusqu'à ce que l’on soit arrivé à l’approche communicative et actionnelle ?
Quelles sont les raisons qui ont permis à un courant d’apparaître et à un autre de disparaître ?
Voici un parcours à
travers certaines des méthodologies reconnues pour l’enseignement des
langues étrangères, et qui ont eu un impact réel sur la didactique du
FLE.
1- Introduction : méthode / méthodologie
L’évolution des
méthodologies est marquée par les changements : dans les besoins, les
objectifs des concepteurs et le public des apprenants.
Quelle est la différence entre une méthode d’apprentissage de langue et une méthodologie d’apprentissage ?
Une méthode
peut être considérée comme une série de démarches précisées par des
outils que nous utilisons afin d’arriver à un but précis qui est, dans
notre cas, l’enseignement d’une langue étrangère. Dans le domaine de la
didactique du FLE, il en existe tellement qu’il serait quasi impossible
de les énumérer. Nous allons juste vous rediriger vers les sites des
grands éditeurs FLE.
La méthode se doit d’aider l’enseignant à se fixer une ligne de « marche » avec ses apprenants.
Selon plusieurs
enseignants, la présence d’une méthode définie dés le début dans
l’univers de la classe est très importante et sécurisante pour les
apprenants.
La méthodologie
est une démarche adoptée par des chercheurs, des didacticiens, des
linguistes, des éditeurs et des enseignants afin de réaliser une
méthode. Elle se doit de fournir un ensemble de procédures
d’apprentissage aux concepteurs de méthodes afin de déterminer leurs
lignes de réalisations. Plusieurs méthodologies sont apparues et ont
évolué selon le développement de la recherche en didactique, mais aussi
de la situation politico - économico – culturelle du monde.
Depuis le XIXème
siècle et jusqu’à présent, les différentes méthodologies se sont
succédées, les unes en rupture avec les précédentes, les autres comme
une adaptation de celles-ci aux nouveaux besoins de la société.
Cependant on ne peut pas définir d’une manière précise leur succession
chronologique, étant donné que certaines d’entre elles ont cohabité
avant de s’imposer aux précédentes. 2- La «Préhistoire» de la didactique :
La méthodologie traditionnelle et la méthodologie naturelle
Bien que la didactique
des langues ne soit apparue qu’à la fin du XIXème siècle,
l’enseignement des langues a toujours été un souci en Europe, surtout,
au départ, pour l’enseignement scolaire du Latin et du grec. Plus tard,
avec les voyages et les découvertes géographiques, il fallut trouver
des méthodes afin d’apprendre la langue aux étrangers.
Dans ces temps éloignés on peut distinguer deux courants méthodologiques distincts :
3- La méthodologie de « la méthode directe »
A partir des années
1870, une interminable polémique va opposer les traditionalistes aux
partisans de la réforme directe jusqu’en 1902,
date à laquelle des instructions officielles imposeront d’une manière
autoritaire l’utilisation de la méthodologie directe dans
l’enseignement national, ce que C. Puren nomme “le coup d’état
pédagogique de 1902”. Elle est considérée historiquement comme la
première méthodologie spécifique à l’enseignement des langues vivantes
étrangères. Elle est le fruit de la cohabitation des méthodes
précédemment citées.
On appelle méthodologie directe la méthode utilisée vers la fin du 19 ème siècle et le début du 20 ème siècle.
Dès la fin du 19 ème
siècle la France désirait s’ouvrir sur l’étranger. La société ne
voulait plus d’une langue exclusivement littéraire, elle avait besoin
d’un outil de communication qui puisse favoriser le développement des
échanges économiques, politiques, culturels et touristiques qui
s’accélérait à cette époque.
L’évolution des
besoins d’apprentissage des langues vivantes étrangères a provoqué
l’apparition d’un nouvel objectif appelé “pratique” qui visait une
maîtrise effective de la langue comme instrument de communication.
La méthodologie
directe constituait une approche naturelle de l’apprentissage d’une
langue étrangère fondée sur l’observation de l’acquisition de la langue
maternelle par l’enfant.
Les principes fondamentaux qui la définissent sont :
La méthodologie directe se base sur l’utilisation de plusieurs méthodes : méthode directe, active et orale.
Par méthode directe on
désignait l’ensemble des procédés et des techniques permettant d’éviter
le recours à l’intermédiaire de la langue maternelle dans
l’apprentissage, ce qui a constitué un bouleversement dans
l’enseignement des langues étrangères.
Cependant l’opinion
des méthodologues directs sur l’utilisation de la langue maternelle
divergeait : certains étaient partisans d’une interdiction totale,
tandis que la plupart étaient conscients qu’une telle intransigeance
serait néfaste et préféraient une utilisation plus souple de la méthode
directe.
Par méthode orale on
désignait l’ensemble des procédés et des techniques visant à la
pratique orale de la langue en classe. Les productions orales des
élèves en classe constituaient une réaction aux questions du professeur
afin de préparer la pratique orale. L’objectif de la méthode orale
était donc pratique.
Le passage à l’écrit
restait au second plan et était conçu comme le moyen de fixer par
l’écriture ce que l’élève savait déjà employer oralement, c’est ce que
certains ont nommé un "oral scripturé". La progression vers la
rédaction libre passait par la dictée, puis par des reproductions de
récits lus en classe et enfin par des exercices de composition libre.
Dans la méthode active
on se doit d’employer tout un ensemble de méthodes : interrogative,
intuitive, imitative, répétitive ainsi que la participation active
physiquement de l’élève. Nous allons expliquer chacune de ces
méthodes :
- La méthode
interrogative est un système de questions-réponses entre le professeur
et ses apprenants, afin de réemployer les formes linguistiques
étudiées. Il s’agissait donc d’exercices totalement dirigés.
- La méthode intuitive
proposait une explication du vocabulaire qui obligeait l’élève à un
effort personnel de divination à partir d’objets ou d’images. La
présentation des règles de grammaire se réalisait également à partir
d’exemples, sans passer par l’intermédiaire de la langue maternelle. La
compréhension se faisait donc de manière intuitive.
- La méthode imitative avait comme but principal l’imitation acoustique au moyen de la répétition intensive et mécanique.
- La méthode
répétitive s’appuyait sur le principe qu’on retient mieux en répétant.
La répétition pouvait être extensive ou intensive. Cependant l’emploi
intensif du vocabulaire donnerait lieu à une inflation lexicale
incontrôlable et négative pour l’enseignement-apprentissage de la
langue.
- L’appel à l’activité
physique de l’élève pour la dramatisation de saynètes, la lecture
expressive accompagnée par des mouvements corporels, afin d’augmenter
la motivation chez l’apprenant.
Le déclin de la
méthodologie directe fut provoqué par des problèmes aussi bien internes
qu’externes. Les problèmes internes les plus importants ont été
l’incontrôlable inflation lexicale et l’intransigeance dans
l’utilisation de la langue maternelle. En ce qui concerne les problèmes
externes, on peut citer le refus par les enseignants d’une méthodologie
qui leur a été imposée et l’ambition excessive de cette méthodologie
qui exigeait des professeurs une excellente maîtrise de la langue orale
sans pour autant offrir un recyclage massif des enseignants.
4- La méthodologie active
Face au refus de la
part des enseignants à la méthodologie directe, certains demandèrent de
mettre en place un compromis entre le traditionnel et le moderne et
cela a donné naissance en 1920 à la méthodologie active qui a été
utilisée d’une manière généralisée dans l’enseignement des langues
étrangères jusqu’aux années 1960.
Cependant on constate
une certaine confusion terminologique en ce qui concerne cette
méthodologie. En effet, on la nommait également “méthodologie
éclectique”, “méthodologie mixte”, “méthodologie orale” ....
Cette réticence à
nommer cette nouvelle méthodologie révèle la volonté d’éclectisme de
l’époque et le refus d’une méthodologie unique. Certains l’appelaient
méthodologie de synthèse, considérant qu’elle représentait une réelle
évolution des méthodologies directe et traditionnelle, alors que
d’autres préfèrent l’ignorer.
La méthodologie active
représente un compromis entre le retour à certains procédés et
techniques traditionnels et le maintien des grands principes de la
méthodologie directe. C’est pourquoi on peut dire que la méthodologie
active se veut une philosophie de l’équilibre.
Ce sont les problèmes
d’adaptation de la méthodologie directe qui ont orienté dès 1906 les
méthodologues directs vers une solution éclectique. Les méthodologues
actifs revendiquent un équilibre global entre les trois objectifs de
l’enseignement-apprentissage : formatif, culturel et pratique. Faisant
preuve de pragmatisme, ils permettaient l’utilisation de la langue
maternelle en classe. En ce sens, on peut dire qu’ils ont réellement
assoupli la rigidité de la méthode précédente.
Cependant, ils ne sont
pas allés jusqu’à modifier le noyau dur de la méthodologie directe, ne
faisant qu’introduire certaines variations.
Ils ont opté pour un
assouplissement de la méthode orale et rendu au texte écrit sa place
comme support didactique. Les textes de base étaient plus souvent
descriptifs ou narratifs que dialogués.
On a également privilégié l’enseignement de la prononciation à travers les procédés de la méthode imitative directe.
En outre on constate
un assouplissement de l’enseignement du vocabulaire puisqu’on avait de
nouveau recours à la langue maternelle comme procédé d’explication. Par
conséquent il était permis d’utiliser la traduction pour expliquer le
sens des mots nouveaux.
Cependant, dans tous
les cours de FLE de cette époque on retrouve des leçons sur des thèmes
de la vie quotidienne dans lesquelles on utilisait des images pour
faciliter la compréhension et éviter si possible la traduction du
vocabulaire.
L’enseignement de la
grammaire s’est également assoupli. On a privilégié l’apprentissage
raisonné en considérant que l’apprenant avait besoin de se rendre
compte du pourquoi des phénomènes. On essayait donc d’éviter
l’empirisme dans l’enseignement de la grammaire et on utilisait une
démarche inductive qui privilégiait la morphologie sur la syntaxe.
Avec la méthodologie
active, l’enseignement du vocabulaire et de la grammaire ne se faisait
plus sur le mode de la répétition intensive, on lui préférait plutôt la
répétition extensive des structures.
De même la méthode
active était amplement valorisée afin d’adapter les méthodes utilisées
à l’évolution psychologique de l’élève et de créer une ambiance
favorable à son activité puisque la motivation de l’apprenant était
considérée comme un élément clé dans le processus d’apprentissage. 5- La méthodologie audio-orale
La méthodologie
audio-orale naît au cours de la deuxième guerre mondiale pour répondre
aux besoins de l’armée américaine de former rapidement des gens parlant
d’autres langues que l’anglais.
On a alors créé “la
méthode de l’armée”. Cette méthode n’a duré en réalité que deux ans,
mais elle a provoqué un grand intérêt dans le milieu didactique. C’est
dans les années 1950 que des spécialistes de la linguistique appliquée
ont créé la méthode audio-orale (MAO), en prenant pour socle la Méthode
de l'Armée et en y appliquant systématiquement :
- une théorie du langage : la linguistique structurale distributionnelle
- et une théorie psychologique de l'apprentissage : le behaviorisme.
Le but de la MAO était
de parvenir à communiquer en langue étrangère, raison pour laquelle on
visait les quatre habiletés afin de communiquer dans la vie de tous les
jours.
Cependant, on
continuait à accorder la priorité à l’oral. On concevait la langue
comme un ensemble d’habitudes, d’automatismes linguistiques qui font
que des formes linguistiques appropriées sont utilisées de façon
spontanée.
On niait la conception
universaliste de la langue en considérant que chaque langue a son
propre système phonologique, morphologique et syntaxique. Comme on ne
considérait pas le niveau sémantique, la signification n’occupait pas
une place prioritaire en langue étrangère.
C’est pourquoi le
vocabulaire était relégué au second plan par rapport aux structures
syntaxiques. De plus, les habitudes linguistiques de la langue
maternelle étaient considérées principalement comme une source
d’interférences lors de l’apprentissage d’une langue étrangère ; afin
de les éviter, il était recommandé que le professeur communique
uniquement dans la langue étrangère. La place de la culture étrangère
est très importante mais elle est introduite comme une cause d’erreurs
de compréhension. Aussi la M.A.O. développe-t-elle un projet de
comparatisme culturel mettant l’accent sur les différences dans les
façons de vivre
Cette méthodologie a
besoin pour s’appliquer d’instruments comme les exercices structuraux
et les laboratoires de langues pour réaliser une acquisition et une
fixation d’automatisme linguistique. On remarque que la linguistique et
la psychologie de l’apprenant sont présentes dans la conception
didactique de la méthodologie.
La MAO a été critiquée
pour le manque de transfert hors de la classe de ce qui a été appris et
on a considéré que sa validité se limitait au niveau élémentaire. De
même, à l’enthousiasme pour les exercices structuraux a succédé la
déception. En effet les exercices ennuyaient les élèves, les
démotivaient et le passage du réemploi dirigé au réemploi spontané ne
se faisait que rarement. Il faut aussi mentionner que le fait
d’enseigner la grammaire étape par étape, n’interdisait aucunement la
fréquence des fautes.
A partir du début des
années 1960, on a assisté à une importante influence de la
linguistique sur la didactique du français langue étrangère.
L’expression “linguistique appliquée” devient alors synonyme de
“pédagogie des langues” ce qui révèle son influence sur la didactique
des langues étrangères en France.
La MAO n’a
pas connu de réalisations françaises en F.L.E., mais certains aspects
seront repris dans la méthodologie audio-visuelle française. Elle sera
finalement mise à mal lorsque le behaviorisme et le distributionnalisme
seront remis en question par les linguistes eux-mêmes.
6- La méthodologie Structuro-globale audio-visuelle (SGAV)
Suite à la seconde
guerre mondiale et à la décolonisation, la France se trouve obligée de
lutter contre l'expansion de l'anglo-américain comme langue de
communication internationale et cherche à retrouver son rayonnement
culturel et linguistique et cela dès le début des années 50. Des
équipes de recherches, constituées de linguistes, de littéraires et de
pédagogues, s’activent en France et à l’étranger pour trouver les
meilleurs outils pour diffuser le FLE. Le plan de travail est fignolé
par le ministère de l’Education qui en fait une affaire d’état.
L’objectif à atteindre est la facilitation de l’apprentissage et la
diffusion générale de la langue.
En 1954 les résultats des études lexicales sont publiés par le C.R.E.D.I.F. (Centre de Recherche et d'Étude pour la Diffusion du Français) en deux listes:
- Un français fondamental premier degré constitué de 1475 mots,
- Un français fondamental second degré comprenant 1609 mots.
Le français
fondamental est considéré comme une base indispensable pour une
première étape d’apprentissage du FLE pour des élèves en situation
scolaire. Il désire leur proposer une acquisition progressive et
rationnelle de la langue qui devrait leur permettre de mieux la
maîtriser.
Le français
fondamental a été l’objet de beaucoup de critiques surtout d’ordre
linguistique : pour certains, c’était un crime contre l’intégrité de la
langue française, pour d’autres, il devait être actualisé car certains
dialogues “fabriqués” présentaient une langue peu vraisemblable, il
devait également tenir en compte les besoins langagiers et les
motivations réelles du public visé. C’est ce que prétendra faire plus
tard le CREDIF avec un Niveau Seuil.
C’est au milieu des
années 1950 que P. Guberina de l’Université de Zagreb donne les
premières formulations théoriques de la méthode SGAV (structuro-globale audio-visuelle).
La méthodologie audiovisuelle (MAV) domine en France dans les années
1960-1970 et le premier cours élaboré suivant cette méthode, publié par
le CREDIF en 1962, est la méthode “Voix et images de France”.
La cohérence de la méthode audiovisuelle était construite autour de l’utilisation conjointe de l’image et du son. Le support sonore était constitué par des enregistrements magnétiques et le support visuel par des images fixes.
En effet, les méthodes
audiovisuelles avaient recours à la séquence d’images pouvant être de
deux types: des images de transcodage qui traduisaient l’énoncé en
rendant visible le contenu sémantique des messages ou bien des images
situationnelles qui privilégiaient la situation d’énonciation et les
composantes non linguistiques comme les gestes, les attitudes, les
rapports affectifs, etc.
La MAV se situait dans
le prolongement de la méthodologie directe tout en essayant de donner
des solutions aux problèmes auxquels s’étaient heurtés les
méthodologues directs. Les didacticiens français ont également reconnu
l’influence décisive américaine dans les débuts de l’élaboration de la
MAV française, cependant c’est Chomsky qui influencera la suite de son
élaboration et son utilisation.
La méthodologie SGAV repose sur le triangle : situation de communication/ dialogue/ image.
Dans la méthodologie
audiovisuelle, les quatre habiletés étaient visées, bien qu’on accordât
la priorité à l’oral sur l’écrit. La MAV prend aussi en compte
l’expression des sentiments et des émotions, non considérés auparavant.
Sur le plan de
l’apprentissage, la MAV suivait la théorie de la Gestalt, qui
préconisait la perception globale de la forme, l’intégration par le
cerveau, dans un tout, des différents éléments perçus par les sens.
Dans le cas des langues, l’apprentissage passerait par l’oreille et la
vue. La langue étant considérée comme un ensemble acoustico-visuel, la
grammaire, les clichés, la situation et le contexte linguistique
avaient pour but de faciliter l’intégration cérébrale des stimuli
extérieurs.
Cette méthode
s’appliquera aussi bien à l’enseignement du lexique (sans recourir à la
traduction en langue maternelle) qu’à l’enseignement grammatical (sans
l’intermédiaire de la règle, l’apprenant saisit les règles de manière
intuitive). La méthode audiovisuelle s’appuie sur un document de base
dialogué conçu pour présenter le vocabulaire et les structures à
étudier.
La méthodologie
Structuro-globale-audiovisuelle est pour beaucoup plus proche de la
méthodologie directe européenne que de l’audio-orale américaine et
présenterait également des affinités avec la méthode situationnelle
anglaise. En ce sens la SGAV aurait le mérite de tenir compte du
contexte social d’utilisation d’une langue et permettrait d’apprendre
assez vite à communiquer oralement avec des natifs de langues
étrangères, mais n’offrirait pas la possibilité de comprendre des
natifs parlant entre eux ni les médias.
La méthodologie
S.G.A.V. exige la mise en place d'un dispositif lourd d'enseignement
qui comporte des formations spécifiques aux enseignants par le biais de
stages, des coûts matériels importants de mise en place (magnétophone/
laboratoire de langue...), et des dispositifs d'enseignement
contraignants : nombre réduit d'apprenants/ enseignement hebdomadaire
intensif/ formation sur une longue durée (2 à 3 ans).
7- L’approche communicative
L’approche
communicative s’est développée en France à partir des années 1970 en
réaction contre la méthodologie audio-orale et la méthodologie
audio-visuelle. Elle est appelée approche et non méthodologie par souci
de prudence, puisqu’on ne la considérait pas comme une méthodologie
constituée solide. Elle est le fruit de plusieurs courants de
recherches en linguistique et didactique et la suite à différents
besoins.
Il faut aussi
mentionner qu’un nouveau public d’apprenants vient de faire son
apparition et intéresse de plus en plus de nombreux psychologues,
sociologues, pédagogues et didacticiens : public composé d’adultes,
principalement de migrants. Grâce aux crédits attribués par l’Etat
suite à la loi sur la formation continue et pour la première fois en
didactique des langues, on a pu composer des équipes de chercheurs
pluridisciplinaires.
Au début des années
1970, les méthodologues de FLE se sont trouvés confrontés aux problèmes
spécifiques posés par l’enseignement du français langue étrangère à des
étudiants non-spécialistes de français, dans leurs pays, pour leur
permettre l’accès à des documents écrits de caractère informationnel.
Les choix d’objectifs, de contenus et de méthodes étaient donc motivés
par la situation des pays concernés et par les besoins présents et
futurs des étudiants de ces pays. La nouvelle méthodologie s’imposait
comme une approche diversifiée dont la préoccupation était de s’adapter
aux besoins langagiers de chaque public. Toute une partie de la
recherche en didactique des langues vivantes étrangères va s’orienter
dans les années 1970 vers l’analyse des besoins avant même d’élaborer
un cours de langue. Ceci provoque une nouvelle définition
d’apprentissage. Il devient un comportement adéquat aux situations de
communication en utilisant les codes de la langue cible.
Deux méthodologies ont précédé l’approche communicative :
Cependant le français
fonctionnel et le français instrumental ont le même objectif
pédagogique, celui de l’enseignement volontairement limité plus ou
moins utilitaire et répondant à un appel urgent d’un public spécialisé.
Pour les
méthodologues, les étudiants qui ont besoin d’apprendre le français
pour des raisons professionnelles seraient motivés par une approche
fonctionnelle, contrairement aux apprenants en milieu scolaire qui
apprennent une langue étrangère par obligation.
Dans l’approche
communicative les quatre habiletés peuvent être développées puisque
tout dépend des besoins langagiers des apprenants. La langue est conçue
comme un instrument de communication ou d’interaction sociale. Les
aspects linguistiques (sons, structures, lexique, etc.) constituent la
compétence grammaticale qui ne serait en réalité qu’une des composantes
d’une compétence plus globale: la compétence de communication.
Elle prend en compte
les dimensions linguistique et extralinguistique qui constituent un
savoir-faire à la fois verbal et non verbal, une connaissance pratique
du code et des règles psychologiques, sociologiques et culturelles qui
permettront son emploi approprié en situation. Elle s’acquiert en même
temps que la compétence linguistique. Il ne suffirait donc pas de
connaître les règles grammaticales de la langue étrangère pour
communiquer, il faudrait en plus connaître les règles d’emploi de cette
langue (quelles formes linguistiques employer dans telle ou telle
situation, avec telle ou telle personne, etc.). L’objectif est
d’arriver à une communication efficace.
De plus, le sens
communiqué n’est pas toujours totalement identique au message que le
locuteur a voulu transmettre, car le sens est le produit de
l’interaction sociale, de la négociation entre deux interlocuteurs. En
effet, lorsque l’on produit un énoncé rien ne garantit qu’il sera
correctement interprété par notre interlocuteur.
Selon l’approche
communicative, apprendre une langue ne consisterait pas à créer des
habitudes, des réflexes. Les constructions ne devraient jamais
fonctionner hors des énoncés naturels de communication.
L’apprentissage n’est
plus considéré comme passif, mais comme un processus actif qui se
déroule à l’intérieur de l’individu et qui est susceptible d’être
influencé par lui. Le résultat dépend du type d’information présenté à
l’apprenant et de la manière dont il va traiter cette information.
L’enseignant devient ainsi “un conseiller”. Il doit recourir à des
documents appelés “authentiques”, c’est-à-dire non conçus exclusivement
pour une classe de langue étrangère.
L’approche
communicative présente, au moins pour la compréhension orale, diverses
formes linguistiques destinées à transmettre un même message. On prend
en compte le niveau du discours et on distingue entre cohésion (les
relations existant entre deux énoncés) et cohérence (les relations
établies entre des énoncés et la situation extralinguistique). On
utilise en classe de préférence la langue étrangère, mais il est
possible d’utiliser la langue maternelle et la traduction. En ce qui
concerne l’erreur, elle est considérée inévitable. 8- L’approche actionnelle
Après l’approche
communicative des années 80, nous sommes maintenant, depuis le milieu
des années 90, dans une nouvelle approche pédagogique appelée "approche
actionnelle".
Celle-ci propose de
mettre l’accent sur les tâches à réaliser à l’intérieur d’un projet
global. L’action doit susciter l’interaction qui stimule le
développement des compétences réceptives et interactives.
La perspective
privilégiée est de type actionnel en ce qu’elle considère avant tout
l’usager et l’apprenant d’une langue comme des acteurs sociaux ayant à
accomplir des tâches (qui ne sont pas seulement langagières) dans des
circonstances et un environnement donnés, à l’intérieur d’un domaine
d’action particulier.
Si les actes de parole
se réalisent dans des activités langagières, celles-ci s’inscrivent
elles-mêmes à l’intérieur d’actions en contexte social qui seules leur
donnent leur pleine signification. Il y a « tâche » dans la mesure où
l’action est le fait d’un (ou de plusieurs) sujet(s) qui y mobilise(nt)
stratégiquement les compétences dont il(s) dispose(nt) en vue de
parvenir à un résultat déterminé. La perspective actionnelle prend donc
aussi en compte les ressources cognitives, affectives et l’ensemble des
capacités que possède et met en œuvre l’acteur social.
L’usage d’une langue,
y compris son apprentissage, comprend les actions accomplies par des
gens qui, comme individus et comme acteurs sociaux, développent un
ensemble de compétences générales et, notamment une compétence à communiquer langagièrement. Ils mettent en œuvre les compétences dont ils disposent dans des contextes et des conditions variés et en se pliant à différentes contraintes afin de réaliser des activités langagières permettant de traiter (en réception et en production) des textes portant sur des thèmes à l’intérieur de domaines particuliers, en mobilisant les stratégies qui paraissent le mieux convenir à l’accomplissement des tâches à effectuer. Le contrôle de ces activités par les interlocuteurs conduit au renforcement ou à la modification des compétences.
Est définie comme tâche toute
visée actionnelle que l’acteur se représente comme devant parvenir à un
résultat donné en fonction d’un problème à résoudre, d’une obligation à
remplir, d’un but qu’on s’est fixé. Il peut s’agir tout aussi bien,
suivant cette définition, de déplacer une armoire, d’écrire un livre,
d’emporter la décision dans la négociation d’un contrat, de faire une
partie de cartes, de commander un repas dans un restaurant, de traduire
un texte en langue étrangère ou de préparer en groupe un journal de
classe.
Les compétences générales individuelles du sujet apprenant ou communiquant reposent notamment sur les savoirs, savoir-faire et savoir-être qu’il possède, ainsi que sur ses savoir-apprendre.
Ce document est librement inspiré par les travaux de l’Université d'Alep en Syrie (© 2005 – AUF)
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