Avec l’évolution des
méthodologies et de la pédagogie, la place de l’enseignant ou du
«maître» a bien changé mais toujours à son avantage.
Il n'est plus le point
focal de la classe : toutes les interactions ne passent plus par lui.
Il se doit d’instaurer un climat de confiance et d’«adapter» le contenu
du cours en fonction des besoins langagiers des apprenants. Il se range
comme co-communicateur. Il est un facilitateur d'apprentissage en
attirant l'attention de l'apprenant sur sa manière d'apprendre et il
est un animateur.
Cela implique une
participation plus profonde de la part de l’enseignant qui doit prendre
un rôle presque théâtral afin de communiquer le FLE à ses apprenants.
1- La place de l’enseignant dans la situation d’apprentissage
La plupart des classes de langues ont adopté la disposition en U
avec au centre l’enseignant et le tableau. Le but étant que les
apprenants puissent bien voir le tableau et l’enseignant et aussi de
permettre à ce dernier de pouvoir se déplacer facilement vers eux et
casser la barrière.
Il faut savoir que
culturellement l’enseignant conserve toujours un important respect de
la part des apprenants qui voient en lui le représentant de
l’instituteur. Sans vouloir casser cette image, l’enseignant se doit
d’aller vers eux et de pouvoir établir un climat de confiance favorable
à l’enseignement.
Une situation
d’apprentissage comporte trois pôles : le formateur (l’enseignant),
l’(les) apprenant(s), le contenu. L’enseignant doit pouvoir réaliser
des interactions entre ces trois pôles.
Il réalise un
processus d’animation avec ses relations avec les apprenants et un
processus d’enseignement dans sa relation avec le contenu ce qui lui
permet de transmettre de façon efficace ce contenu. L’interaction entre
le contenu et l’apprenant est assez pauvre mais elle doit être
encouragée si elle a lieu chez certains apprenants.
Le triangle: ENSEIGNANT
animer enseigner
APPRENANT autoformation CONTENU
2- Connaître son public cible :
Chaque situation
d’enseignement comporte plusieurs variables selon le public à qui l’on
s’adresse : un public précoce, scolaire, d’adolescents ou d’adultes.
Il faut prendre en
compte plusieurs caractéristiques chez le public adulte : pour
commencer son âge. L’enfant ou le jeune adulte est plus privilégié pour
apprendre une langue étrangère. Il a des caractéristiques propres qui
lui facilitent l’apprentissage : des caractéristiques
psycholinguistiques ainsi que le besoin de communiquer et l’absence de
blocage cognitif.
Si ces facultés, à
part de rares exceptions, n’existent plus chez l’adulte, du moins au
même niveau, celui-ci en possède cependant d’autres, comme la
motivation d’apprendre une langue, la capacité de travail et l’esprit
théorique.
Malgré cela il faut
chercher comment faciliter l’apprentissage des adultes. Il faut
connaître leurs exigences et leurs besoins, puis étudier comment ils
passent d’une compétence à l’autre.
Enseigner aux adultes
implique donc de rechercher les moyens les plus facilitateurs et qui
encouragent leur perception de la langue, la mémorisation et la
production. Ces moyens doivent être jugés en fonction de leurs
résultats et non à priori.
Il faut aussi savoir
si notre public subit la situation d’apprentissage volontairement ou
involontairement. Certaines personnes en classe de langue peuvent être
obligées de suivre cette formation pour de multiples raisons et cela
rend leurs motivations presque inexistantes.
Certains apprenants se
sentent captifs dans un cours si la méthode et la méthodologie choisies
ne leur plaisent pas, ou ne répondent pas à leurs besoins.
Ce public ressent une absence de choix qui peut mener à deux résultats si l’enseignant n’intervient pas :
-
L’apprenant accepte, essaie de s’intégrer en s’adaptant à la situation,
-
L’apprenant refuse, il devient passif et ne communique plus avec les autres,
L’enseignant doit
faire son possible pour attirer l’attention et l’intérêt de ses
apprenants et si nécessaire changer de méthodologie pour ne pas se
retrouver avec une classe vidée de ses étudiants.
Il faut aussi savoir
que le fait que le public soit captif ou attentif ne veut pas dire que
tout soit résolu. Au contraire cela demande encore plus de l’enseignant
afin de sauvegarder cette confiance et cette motivation.
Dernier point que
l’enseignant doit prendre en compte dans son cours de langue, c’est
l’arrière plan culturel des apprenants. Le terme culturel est utilisé ici dans le sens des comportements et modes de pensées hérités de la société dans laquelle on vit.
Il est vrai que l’on
ne peut pas considérer tous les apprenants comme ayant un arrière plan
commun mais de façon générale on peut remarquer que la plupart des
étudiants ont un préjugé assez fort sur la relation enseignant
-enseigné et sur leur représentation de l’apprentissage d’une langue.
On remarque que la
plupart se soumettent à l’enseignant sans pour autant faire totalement
confiance à sa méthode et à sa méthodologie. Dès que la parole leur est
donnée ils critiquent facilement les nouveaux outils.
La nostalgie de l’école
est très présente et les apprenants sont toujours pressés d’apprendre
la langue. La participation est rare et le recours à la langue
maternelle pour comprendre la grammaire et les textes est fréquent.
On
remarque que nos apprenants n’arrêtent pas d’écrire les traductions de
presque tous les mots. D’un autre côté les apprenants se sentent plus à
l’aise avec l’écrit qu’avec l’oral. Ils préfèrent lire les jeux de rôle
ce qui enlève tout l’intérêt pédagogique de ces activités.
L’enseignant
doit identifier ces spécialités culturelles et ne pas essayer de les
écraser mais pousser les apprenants à dépasser leurs préjugés et a
priori. Les apprenants doivent avoir une attitude de participation au
cours qui peut être encouragée si elle n’entrave pas l’avancée du
groupe.
Certains
mouvements spontanés de participation doivent être contrôlés par le
professeur, car un cours de langue doit rester un cours et ne pas
devenir une discussion de café. Certaines habitudes de civisme seront
intégrées au début du cours comme le lever de main, la demande de
parole…etc, selon l’appréciation du formateur.
Il
peut graduellement par des questions ciblées introduire un certain
degré d’initiative, c’est à dire, programmer l’initiative des
apprenants pour en faire une habitude.
3- Les objectifs de l’enseignant dans sa classe:
Les
objectifs se différencient des besoins qui sont plus du côté des
apprenants. Il est assez difficile de définir les objectifs d’un cours
mais c’est très nécessaire pour les raisons suivantes :
-
Les
objectifs facilitent l’évaluation car s’ils ont été atteints cela
prouve l’efficacité de l’enseignement. Ils permettent l’évaluation de
l’apprenant et de la méthode et méthodologie utilisées.
-
Ils
permettent de construire de meilleures actions d’apprentissage adaptées
aux besoins et de mieux choisir ce qui peut permettre aux apprenants
d’atteindre les objectifs visés.
Il
faut faire la différence entre les objectifs généraux de toutes les
formations en FLE et les objectifs spéciaux de chaque cours qui
dépendent du niveau des apprenants et du niveau qu’ils veulent
atteindre.
Les objectifs généraux que chaque enseignant de FLE doit avoir :
-
développer les savoirs, savoir-faire et savoir-être des apprenants,
-
les
inciter à mobiliser leurs connaissances, un certain savoir passif, pour
le mettre au service de l’analyse et de la réflexion en français,
-
remédier à certains manques et besoins identifiés,
-
inscrire le FLE dans un cadre actuel et vivant,
-
valoriser
les différents types de supports (articles de presse, documents
audiovisuels, essais, interviews écrites et orales, tableaux,
statistiques, chansons, publicités, caricatures, romans, poésies, jeux,
site web, BD...) comme autant de medias de la langue et de la culture
francophones,
-
développer le goût de la langue et de la culture orale et écrite,
-
valoriser
les apprenants en reconnaissant la spécificité de leur statut (contexte
socio-culturel, générationnel, bilinguisme...) à travers un outil qui
leur sera spécifiquement destiné.
Par
rapport à lui-même, l’objectif de l’enseignant sera de se doter d’un
outil de travail correspondant au mieux à ses prérogatives et au
contexte socio-culturel avec lequel il doit composer, d’offrir des
documents qui ne soient pas uniquement source d’apprentissages pour les
élèves mais aussi porteurs d’enseignements pour l’enseignant lui-même
(autoformation par le biais de la création).
4- Le début d’une session :
Le
début d’une formation est très important car c’est une découverte de la
part de l’enseignant et de la part des apprenants. C’est un moment
délicat surtout si le démarrage se fait mal l’ensemble de la formation
risque d’en souffrir. Plusieurs procédés d’ouverture ont été développés
et il est vrai que l’expérience joue beaucoup pour la gestion du groupe.
Plusieurs peurs inquiètent les participants au début d’une session et le rôle du formateur est de les gérer. En voici quatre :
-
Première anxiété : «Qui est le professeur ?» Quelle est sa personnalité, sa méthode et quel genre de relation va-t-il instaurer avec les apprenants ?
-
Deuxième anxiété : «Qui sont-ils ?» cela
vient de la méconnaissance des autres participants. On remarque que
certains apprenants exigent de continuer toutes leurs sessions avec le
même groupe. Ce qui les inquiète le plus est : le jugement des autres,
leur attitude en cours, leurs niveaux et compétences. Ces craintes
subsistent tant que le groupe n’a pas fait connaissance.
-
Troisième anxiété : «Qu’allons nous faire ?».
Les apprenants se posent beaucoup cette question surtout lors de leur
première session car ils se sentent en terrain inconnu. Ils se
demandent s’ils vont pouvoir suivre le cours sans difficultés, quels
seront les sujets et les compétences traités, quels seront les devoirs,
devront-ils travailler à la maison, la compréhension orale par le biais
d’outils informatiques, audio ou vidéo va-t-elle être compréhensible, y
aura-t-il un test et quelles seront les questions…etc
-
Quatrième anxiété : «Pour combien de temps sommes-nous là ?».
Ils ont toujours peur de trouver le temps long, à quelle heure se
termine le cours, quand commence la pause, va-t-on changer les
horaires…etc
D’autres
peurs sont aussi possibles et le fait de les ignorer peut avoir des
conséquences variables selon les personnes : repli, passivité,
agressivité, et dans certains cas l’abandon de la formation.
L’enseignant ne perd pas son temps s’il consacre 10% du premier cours à
éliminer ces peurs.
Il
est recommandé de ne jamais entrer directement dans le vif du sujet,
mais au contraire de commencer par des phrases de bienvenue et de
présentation de soi sans pour autant détailler son CV sauf si cela est
nécessaire.
Cela
permet d’instaurer un climat de confiance, une certaine intimité avec
les apprenants et une complicité profitable pour développer
l’apprentissage. Si vous connaissez certains des apprenants de vos
formations antécédentes, il n’est pas déconseillé de le faire savoir.
Cela poussera les autres à aller vers eux pour en savoir plus sur votre
méthode et casser ainsi la barrière entre eux et vous.
Il
faut donc prendre contact avec le groupe sur le registre affectif avant
d’avoir des échanges intellectuels. Ce système est préférable aux
phrases du genre « soyez spontanés » ou «n’ayez pas peur» qui s’avèrent
peu efficaces et éloignent les apprenants de leur enseignant qui leur
devient supérieur du fait que lui n’a pas peur.
La
deuxième tâche est de transformer la classe en groupes de travail et
chacun doit y prendre sa place. Il convient donc de permettre aux
participants de faire connaître qui ils sont, quels sont leur activité
ou leur statut. Ils ont besoin de s’entendre et de se faire entendre et
cela dès le début de la première séance.
Les
présentations peuvent se faire selon différents procédés et chaque
enseignant a ses préférences. Il est préférable de ne pas laisser les
apprenants libres de se présenter car c’est toujours la première
personne qui instaure un modèle de présentation. Certains bavards
risquent d’être incontrôlables alors que les modestes et les timides
auront des présentations pauvres.
Plusieurs procédés peuvent vous aider, nous allons en donner deux :
-
Le
premier procédé : On peut distribuer un questionnaire puis le récupérer
et le distribuer et demander à chacun de présenter la fiche qu’il a
dans les mains.
-
Le
deuxième procédé : on demande aux participants de s’interviewer deux
par deux pendant dix minutes. A la suite de cela, chacun présente son
voisin devant toute la classe.
Dans la plupart des cas, le fait de se lever, de jouer ou de simuler une rencontre "debout", de rentrer rapidement en action est un élément de facilitation de loin préférable au fameux tour de table ou aux fastidieux questionnaires.
5- Les interactions enseignant/apprenant :
Depuis
l’apparition des nouvelles méthodologies, une des missions les plus
importantes des enseignants est devenue de réaliser des interactions
avec les apprenants. Elles sont fondamentales car l’interactivité est
le moteur de l'apprentissage en classe, à partir de supports variés par
le déclenchement de prise de parole.
Ces
interactions devront être organisées, gérées et évoluer par le
professeur. Bien que son but de transmettre un savoir soit le même,
l’enseignant se doit surtout d’apprendre à apprendre. En donnant des
tâches à accomplir aux étudiants, il sollicite leurs capacités de
déduction et de découverte et les invite à construire leur propre
savoir. L’enseignant doit animer des interactions au sein de sa classe.
Les interactions sont multiples:
-
Verticales (enseignant > apprenants : Dialogue Nord/Sud)
-
Horizontales (apprenants > apprenants : Dialogue Est/Ouest),
-
Selon les dispositifs d'enseignements adoptés (groupe classe/ par paires/ petits groupes/ etc).
L’apprenant
en entrant dans la classe, veut apprendre la langue cible et il compte
pour cela sur les échanges qu’il va avoir avec son enseignant et ses
collègues. L’enseignant doit donc essayer de s’assurer tout au long de
la formation qu’il interagit bien avec ses apprenants et il doit de ce
fait s’intéresser personnellement à l’état de leur développement
linguistique.
Une
autre interaction est aussi importante, l’interaction avec les autres
enseignants (surtout dans le cas des classes à multi-professeurs) et
avec la direction.
Enfin,
il faut savoir que la qualité et la fréquence des échanges en classe
sont des facteurs qui facilitent le processus d’apprentissage.
L’enseignant
se doit de mettre ses compétences linguistiques, culturelles et
pédagogiques au service de l’apprenant car il restera sa personne
ressource et cela même après la fin de la session de formation. Il se
remet toujours en question et surtout il est patient et à l’écoute de
ses apprenants.
6- L’enseignant en classe de langue :
On
peut comparer l’enseignant de langue en un acteur, la scène est la
classe et la pièce la formation. Chaque jour, il arrive et porte son
masque de professeur, il oublie tout se qui se passe à l’extérieur et
tout ce qu’il doit faire, et entre dans son rôle. Les apprenants jouent
aussi un rôle dans cette pièce et ils sont même son évolution.
Pour bien réussir, l’enseignant se doit de respecter plusieurs règles ou conseils :
-
Enseigner, un jeu d’acteur,
Pour
commencer, l’enseignement de la langue étrangère doit se faire avec le
moins possible (dire sans serait idéaliste) de recours à la langue
maternelle. Pour cela, il a plusieurs outils, dont les premiers sont
ses mains et son corps. Il peut compter sur le jeu d’acteur pour
expliquer une expression ou un mot, et de ce fait il pousse l’apprenant
à comprendre naturellement. L’utilisation de synonymes et d’exemples
peut aussi s’avérer très efficace. La tentation de la traduction est
une erreur sur le long terme, même si elle parait payante au début…
L’enseignant
peut aussi compter sur le tableau qu’il peut utiliser comme planche de
dessin. Il faut quand même faire attention au rapport entre
l’enseignant et le tableau. Il doit rester un outil au service de
l’apprentissage et ne pas devenir une preuve de supériorité sur les
apprenants. Il est conseillé de leur demander en classe de venir au
tableau pour écrire leurs réponses ou leurs propositions pour pouvoir
voir les erreurs des uns et des autres.
-
Respecter la règle de trois,
Pour
qu’il y ait une bonne compréhension et un bon contact, pédagogiquement
parlant, il faut adopter la règle des trois répétitions.
La
première fois il faut annoncer l’activité ou l’idée que nous allons
expliquer afin d’attirer l’attention des apprenants et pour leur faire
comprendre que nous allons entreprendre une nouvelle découverte. La
deuxième fois, il faut en parler et l’expliquer avec l’aide d’exemple
et de tous les outils dont on a besoin. La troisième fois, il faut dire
que l’on a parlé de cela, comme une conclusion et un rappel. Cela
facilité la mémorisation et permet aux quelques apprenants qui n’ont
pas encore assimilé bien l’objectif de revenir au rang des autres.
Avec
cette règle on peut profiter des avantages de la répétition et sous des
dehors simples, constructifs et pédagogiques, nous familiarisons les
personnes, avec nos mots en langue cible, aux concepts, aux
vocabulaires, aux phrases et aux règles qui vont progressivement
s’installer dans leurs systèmes de pensée.
Ce
moyen permet aussi de réaliser une anticipation constructive chez les
apprenants. On remarquera tout au long de la session que les apprenants
ne restent pas purement réceptifs et se mettent en état d’activité
mentale ce qui leur permet d’assimiler plus vite les informations que
nous leur communiquons.
Donc on indique ce que l'on va dire, on le dit et à la fin on répète ce que l’on avait dit.
-
Respecter la syntaxe de la communication orale et écrite,
Il
faut savoir que le style écrit n’est pas du tout apprécié par
l’oreille, donc l’enseignant ne doit jamais expliquer comme s’il lisait
un passage d’un livre. Le style écrit est très différent du style oral
qui est plus humain et plus difficile pour certains.
On
doit savoir à quel sens on s’adresse et s’adapter en conséquence. Dans
la communication orale il vaut mieux utiliser des phrases courtes,
simples et indépendantes et éviter les phrases avec conjonction et avec
pronom relatif qui sont plutôt du domaine de la communication écrite.
Le
négatif retarde la compréhension et la mémorisation. Le recours à des
mots très spécialisés ou de style soutenu peut être un mauvais choix
surtout si le niveau des étudiants n’y correspond pas.
-
Gérer son regard, sa voix et sa posture; occuper l'espace;
L’enseignant
peut se sentir gêné face à ses apprenants, comme un acteur de théâtre
qui se trouve devant une salle comble. Il doit avoir des réactions pour
ne pas transmettre cette gêne aux étudiants et pouvoir mieux accomplir
son rôle de diffuseur de savoir.
Pour
commencer, le fait d’éviter de regarder les apprenants, qui est assez
répandu, est une très mauvaise initiative car cela leur donne l’idée
que l’on a peur de lire dans leurs yeux le reflet de notre malaise. Il
faut les regarder en face sans pour autant être agressif. Il est très
important de conserver un contact visuel tout en promenant notre regard
d’un apprenant à l’autre dans la classe.
Il
faut aussi apprendre à gérer sa voix car le tremblement trahit notre
malaise et le ton trop élevé fatigue, cause des maux de têtes aux
apprenants. Le formateur peut au début essayer de poser sa voix dans le
grave pour se donner confiance et ralentir le débit tranquillement. Il
faut surtout avoir l’air naturel dans sa façon de s’exprimer surtout
avec un public adulte.
Il
est aussi avantageux d’introduire des bulles de silence entre les
morceaux de phrases. Cela permet d’avoir le temps de réfléchir à ce que
l’on va dire, donne le temps aux apprenants d’assimiler et de mémoriser
et attire leur attention car ils veulent savoir ce qui va suivre.
Une
mauvaise posture cause le tract par l’asphyxie des poumons qui engendre
le stress, l’accélération du cœur et l’émotion de gêne ou de honte. Il
est donc important d’adopter une bonne posture qui permette une bonne
ventilation. Il est aussi important de changer de posture tout au long
du cours selon la compétence que l’on travaille. On peut s’asseoir pour
lire un article, alors qu’il vaut mieux être debout pour lire un poème
afin d’exprimer mieux les émotions. Dans tous les cas, des déplacements
nombreux sont bienvenus car l'occupation de l'espace-classe constitue
le fac-similé d'une situation de communication authentique, vivante,
animée; se rapprocher de certains, se diriger vers d'autres, c'est
tisser des liens naturels humanisants, autant d'éléments facilitateurs
de l'apprentissage.
Il
faut donc que l’énergie du corps soit concentrée dans ce que nous
faisons et l’expérience nous permet de bien choisir la bonne posture,
le bon timbre, le bon regard, la trajectoire souhaitable...
7- La planification en classe de FLE :
Planificateur ou synchrone ?
Des
études démontrent que les formateurs se divisent en deux parties, les
planificateurs et les synchrones. Les premiers sont très stricts et
passent des heures à préparer leurs cours dans les moindres détails et
se sentent facilement en difficulté si on leur demande des activités en
dehors du plan qu’ils se sont imposés.
Les
synchrones quant à eux, préfèrent préparer un plan des objectifs
essentiels de leurs cours et ne s’occupent pas des détails. Ils
comptent beaucoup sur leur expérience pour réussir à atteindre leurs
objectifs et sont plus partisans de la philosophie de « à chaque jour
suffit sa peine ».
Les
deux camps se critiquent mutuellement et on considère que les
anglo-saxons sont plutôt planificateurs alors que les méridionaux sont
plus synchrones.
Un
enseignant qui refuse de planifier ses cours, que ce soit à long ou à
court terme, est facilement démasqué par ses apprenants et cela n’a pas
un bon résultat sur la plupart d’entre eux. Il est donc conseillé de
faire un plan de la formation sans pour autant choisir un plan figé et
trop détaillé mais au contraire un plan évolutif et en développement
continu.
Les étapes de la planification :
Avant
de rédiger la planification, l'enseignante, l'enseignant ou un groupe
d'enseignantes et d'enseignants devront vivre les étapes suivantes :
1) S'approprier les éléments d’apprentissage:
· Les objectifs d'apprentissage visés
· Le contenu
· Les stratégies
· La mesure et l'évaluation
2) Faire l'inventaire des ressources disponibles :
Dans la salle de classe
|
Au Centre
|
· outils pédagogiques
|
· expertise des personnes
|
· matériel de manipulation
|
· intervenant-e
|
· ressources technologiques
|
· ressources audio-visuelles
|
· ressources informatiques
|
· documentation
|
· tableau
|
· logiciels
|
|
· autres
|
3) Connaître son groupe d'apprenants :
Il faut tenter d’établir le profil des
apprenants (intérêts, niveau, profession…). Certains aiment poser la
question aux enseignants qui ont eu déjà le groupe dans un niveau
précédent mais il ne faut pas se fier uniquement à cela mais essayer de
se faire son idée et cela dès le premier cours.
4) Planifier son action pédagogique à long terme en fonction :
Pour
cela il faut prendre en compte les éléments d’apprentissage, les
ressources que nous avons entre les mains et du profil du groupe. Ce
plan servira à cibler les objectifs à atteindre, à identifier les
difficultés, définir les moyens que nous avons et faire le lien avec
son plan de formation linguistique.
5) Faire des retours périodiques sur son action pédagogique :
Cela sert surtout à identifier les prochaines étapes tout en ajustant sa planification selon les besoins identifiés.
8- Rendre la langue cible intéressante:
L’enseignant
de FLE se doit de rendre la langue française intéressante pour les
apprenants. Pour cela il se doit de la rendre associée à des choses
plaisantes.
Quelques idées pratiques :
-
Écoutez
avec un véritable intérêt quand l’apprenant vous parle. (La personne la
plus intéressante est celle qui s'intéresse à vous)
-
Soyez disponible et patient.
-
Variez
les textes et genres que ce soit des chansons, des poèmes, des
comptines. Encouragez les commentaires des apprenants quand vous lisez.
-
Exposez vos apprenants aux jeux, aux émissions de télévision, aux DVD en français et discutez-en avec eux.
-
Utilisez des éléments de cultures françaises et francophones qui les intéressent car ce sont des choses nouvelles pour eux.
-
Faites de petites entrevues en enregistrant la voix sur cassette audio puis la faire écouter en classe pour évaluer.
-
Ce qui est intéressant va varier beaucoup d'une personne à l'autre. Soyez toujours à leur écoute.
9- La classe hétérogène :
Un
des principaux cauchemars des enseignants est d’avoir malgré toutes les
précautions (tests de niveaux), des groupes hétérogènes. Plusieurs
conseils peuvent être suivis pour y remédier :
-
Proposer
en dehors de la session générale des actions complémentaires pendant
les pauses ou à la fin des cours afin de remédier à la différence de
niveau.
-
Encourager
les activités de tutorats, les avancés expliquent au débutants ce
qu’ils devaient savoir mais ignorent (mais en français), cela permet
aux premiers de concrétiser leurs connaissances et aux seconds
d’améliorer leur niveau.
-
Inciter
les personnes à prendre la parole pour indiquer ce qu’elles ne savent
pas car le comportement spontané est souvent de prendre la parole pour
dire que l’on sait et de se taire quand l’on voit que les autres
savent.
-
Essayer
de discuter avec les apprenants et de connaître leurs difficultés pour
leur conseiller des activités pour y remédier (écoute de musique,
utilisation de fiches de grammaire ou de vocabulaire…etc)
-
Adapter le contenu du cours à la moyenne sans le rendre trop facile pour les uns et trop difficile pour les autres.
Ce document est librement inspiré par les travaux de l’Université d'Alep en Syrie (© 2005 – AUF)